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Les écrans et le développement du langage

Soutenir le langage passe par une utilisation judicieuse des écrans

Les enfants ont besoin de nombreuses interactions humaines de qualité chaque jour pour développer leur langage. Ces interactions prennent tout leur sens lorsqu'elles se déroulent avec de vraies personnes, en temps réel, et dans des environnements réels, en manipulant des objets concrets. Au même moment, dans notre monde numérique, le temps d’écran prend une place incontournable dans le quotidien des adultes et des enfants, bousculant parfois ces interactions essentielles.

Pour concilier ces deux réalités, voici trois grandes questions sur lesquelles on peut porter son attention.

  1. Comment les écrans sont-ils utilisés par l'enfant et les adultes qui l'entourent ?
  2. Combien de temps par jour les écrans sont-ils utilisés ?
  3. Comment prioriser son temps avec et sans les écrans pour soutenir le développement du langage ?

Comment les écrans sont-ils utilisés par l'enfant et les adultes qui l'entourent ?

Voici quelques questions importantes sur l’usage des écrans, tant pour les adultes que pour les enfants.

Est-ce que notre utilisation des écrans est :

  • Pour permettre d’interagir avec un autre enfant, adulte, en famille ou d’être en solitaire ?
  • Pour permettre de faire un apprentissage, se divertir ou pour créer un bruit de fond dans la pièce ?
  • Pour permettre de compléter une tâche ou pour oublier ses soucis ?
  • Pour permettre de vivre des émotions fortes ou pour s’apaiser ?
  • Pour de courtes ou de longues durées, peu ou très fréquemment ?
  • Pour contribuer à rehausser un apprentissage ou réduire le temps d’exploration d’une variété d’activités essentielles au développement d’un enfant ?

Qu’est-ce que la technoférence parentale ?

Celle-ci se produit lorsque la relation entre le parent et l’enfant est interrompue, même brièvement, par la présence d’un écran.

La technoférence peut se manifester par une diminution de l’encadrement, de l’attention conjointe (exemple : porter son attention sur le même objet que l’enfant et interagir à propos de l’objet) et des instructions verbales ou non verbales.

Source : Rapport 2024 sur les écrans de l’Observatoire des tout-petits.

Un phénomène social : la technoférence parentale

Du côté des adultes qui entourent l’enfant, leur trop grande utilisation des écrans peut affecter à la baisse le développement du langage de l’enfant. Elles et ils :

  • Parleraient moins, utiliseraient des phrases plus simples et plus courtes;
  • Peuvent se laisser distraire et porter moins attention aux demandes et aux émotions de l’enfant;
  • Peuvent réduire la quantité de soutien à l’apprentissage fournit à son enfant.

Aussi, en minimisant la technoférence parentale ainsi que celle de l’entourage, l’adulte offre à l’enfant des modèles d’utilisation souhaitée des écrans dans la famille.

Constats de la recherche en lien avec les écrans et leurs impacts sur le développement du langage

Constat 1

Chez les enfants de moins de 2 ans, le fait de passer du temps devant un écran nuit au développement de leur langage expressif, c’est-à-dire leur capacité à s’exprimer et à utiliser adéquatement les mots. Particulièrement chez les enfants de 3 ans et moins, les écrans réduisent les échanges verbaux entre le parent et l’enfant et peuvent ainsi nuire au développement du langage chez les tout-petits.

Constat 2

Plus le temps passé devant les écrans est élevé, plus l’enfant aurait de la difficulté à saisir les règles associées au contexte de la communication, comme attendre son tour pour parler ou interpréter les intentions de la personne qui parle.

Constat 3

L'utilisation régulière des écrans pour calmer ou distraire un enfant (au restaurant, en voiture, à l'épicerie, etc.) peut avoir un impact négatif sur sa capacité à réguler ses émotions. Bien que cette stratégie puisse être efficace à court terme pour calmer l’enfant, elle ne permet pas au tout-petit de développer des moyens efficaces et sains pour s'apaiser.

Combien de temps par jour les écrans sont-ils utilisés : un peu, beaucoup, souvent ou très fréquemment ?

Le temps d’écran désigne le temps passé sur n’importe quel écran, y compris la télévision, les ordinateurs, les jeux vidéo et les appareils mobiles, comme les téléphones intelligents ou les tablettes.

Voici quelques balises pour mieux s’y retrouver. Ces informations proviennent de la Société canadienne de pédiatrie et de l’Observatoire des tout-petits.

Pour les moins de 2 ans – On évite

Les courts appels vidéo pour bavarder avec des personnes significatives, comme les membres de la famille, sont des exceptions, car ils permettent de solidifier les relations.

Pour les 2 à 5 ans – On limite à maximum 1 heure par jour

Les jeunes enfants commencent à comprendre le contenu télévisuel vers trois ans, tout en éprouvant encore de la difficulté à transférer ce qu’ils observent à l’écran à la réalité. Ceux-ci ne retirent pas d’apprentissage efficace des médias sur écran.

Cependant, les jeunes enfants apprennent intensivement lors des échanges allers-retours avec leurs parents et leurs proches.

À cet âge, les habitudes liées à l’usage des écrans sont plus faciles à ajuster que plus tard dans la vie. Il revient aux adultes qui entourent l’enfant de guider et d’encadrer leur usage.

Pour les 6 à 12 ans – maximum 2 heures par jour pour les activités de loisir

Pour ce groupe d’âge, la notion de temps dépend du :

  • Type de contenu (médias sociaux, jeux vidéo, clavardage, émissions, etc.)
  • Contexte d’utilisation (moment de la journée, simultanéité des activités, etc.)
  • Caractéristiques individuelles (âge, santé physique et mentale, capacité d’analyse, sens critique, etc.)

L’encadrement parental doit donc être réalisé en fonction de ces critères. Tout particulièrement pour les plus jeunes, le contenu devrait être à caractère éducatif. L’utilisation des écrans devrait se faire dans les aires communes, où les adultes peuvent en superviser le contenu, plutôt que dans la chambre, par exemple.

Des conséquences négatives sur la vision, le sommeil, les capacités d’apprentissage et les habitudes de vie ont notamment été recensés chez les 6 à 12 ans.

Pour les 13 à 19 ans – Pas de durée précise

Pour cette tranche d’âge, il faut considérer les contenus, les contextes et les caractéristiques du jeune.

Les organismes canadiens qui s’étaient positionnés sur la question ne suggèrent plus de durée précise, mais bien une analyse de la situation en fonction :

  • Du type de contenu (travaux scolaires, médias sociaux, jeux vidéo, clavardage, émissions, etc.);
  • Du contexte d’utilisation (moment de la journée, simultanéité des activités, etc.)
  • Des caractéristiques individuelles du jeune (âge, santé physique et mentale, capacité d’analyse, sens critique, etc.).

L’encadrement parental peut être réalisé en fonction de ces critères.

Des conséquences négatives sur la vision, le sommeil, les capacités d’apprentissage et les habitudes de vie ont notamment été recensées pour cette tranche d’âge. D’autres retombées négatives sur la santé psychologique (anxiété liée à l’image corporelle, sentiments dépressifs, troubles de conduite ou émotionnels) ont aussi été relevées. 

Comment peut-on prioriser son temps avec et sans les écrans pour soutenir le développement du langage ?

Avec les écrans, veiller à la qualité des contenus et y participer.

Sans les écrans, orienter vers des jeux diversifiés tout en laissant de la place à l’ennui créatif.

Avec les écrans, veiller à la qualité des contenus

Choisir des contenus de qualité favorisant un engagement actif et interactif de l’enfant plutôt que passif et solitaire, tels que des contenus éducatifs, des activités nécessitant un effort mental et un temps de réflexion.

Exemples de bons contenus

  • Adaptés à l’âge et au développement comme des situations que l’enfant peut vivre.
  • Exige un certain effort mental et un engagement actif dans le contenu d’apprentissage, par exemple une activité créative comme le dessin.
  • Favorise un apprentissage significatif et transférable au quotidien.
  • Sollicite des interactions sociales avec l’entourage.
  • Utilise une vitesse de défilement des images semblable au rythme d’une réelle conversation.

Exemples de moins bons contenus

  • Présentent des distractions qui n’aident pas les apprentissages, comme des pop-ups, des images qui clignotent ou des offres de promotion.
  • Semblent attrayants, mais qui sont peu éducatifs, soit du contenu vide ou pauvre.
  • Proposent des contenus difficiles à lier avec la vie de l’enfant ou offrent trop de choix favorisant le désengagement.
  • Basés sur les mécanismes des jeux de hasard qui incitent à continuer longtemps avec peu de bénéfices.
  • Utilisent une vitesse de défilement des images trop rapide, empêchant de créer un sens entre les images et rendant les liens peu clairs.

À savoir : l'industrie des applications et des jeux vidéo ne dispose pas encore de réglementation spécifique pour guider les parents dans le choix de contenus numériques sains et sécuritaires. Il incombe donc aux parents et à son entourage de rester vigilants afin d'orienter les enfants vers des contenus de qualité, adaptés et sans risques. 

Avec les écrans, y participer

Participer, regarder ou co-visionner les contenus avec l’enfant permet d’en tirer une valeur ajoutée :

    • Engager des échanges conversationnels aller-retour sur un thème, pendant ou après le visionnement.
    • Établir des liens entre les apprentissages sur les écrans et ceux de la vie de l'enfant, comme discuter des similitudes et des différences ou les relier à une expérience vécue.
    • Partager des émotions en lien avec le contenu.

Covisionnement

Astuces pour profiter de l'usage des écrans

  • L’utilisation d’un grand écran favorise le visionnement et les échanges sur le contenu.
  • De temps à autre, mettre le contenu sur pause pendant le visionnement pour discuter d'une scène importante.
  • Activez la fonction de temps d'arrêt, disponible sur la plupart des téléphones cellulaires, des tablettes et des téléviseurs.
  • Encourager les frères et sœurs plus âgés à limiter leur temps d'écran pour servir d'exemple.
  • Ne pas sous-estimer la capacité des jeunes très captivés par les écrans à deviner les mots de passe de leurs parents !

Sans les écrans, orienter vers des activités essentielles au développement

Il est essentiel de diversifier les jeux. Les enfants développent leur langage en s’engageant dans une variété d’activités qui stimulent toutes les sphères de leur développement.

Idées d'activités variées

Jouer et bouger

Danser, chanter et écouter de la musique

Parler avec des livres

Bricoler et dessiner

Participer à des tâches de la maison

Faire des jeux de rôles

Expérimenter et résoudre des problèmes

Sans les écrans, laisser une place à l’ennui créatif et à l’exploration personnelle

Sans les écrans, il est bénéfique pour l’enfant d’avoir du temps pour vagabonder à ses pensées, réfléchir par lui-même et même ressentir l’ennui de temps en temps.

Pourquoi ? Pour stimuler :

  • sa pensée créative et permettre à des idées éparses de se lier entre elles;
  • ses stratégies d’organisation;
  • sa capacité à résoudre des problèmes de tous les jours;
  • sa flexibilité;
  • sa tolérance à la frustration;
  • sa connaissance de soi.

De plus, laisser un enfant réfléchir par lui-même et se perdre dans ses pensées peut stimuler des idées pour initier ou poursuivre de nouveaux sujets de conversation ! 

Ennui créatif

Astuces pour profiter du temps sans écran

  • Éteindre la télévision et les autres écrans lorsque personne ne les regarde contribue à maintenir un environnement moins bruyant et propice à la conversation. 
  • Maximiser le temps des repas pour converser et enrichir le vocabulaire de l'enfant. Les repas offrent une occasion précieuse pour partager ses expériences. En créant un environnement favorable à la conversation, avec des tours pour parler et écouter, les compétences linguistiques de l'enfant sont renforcées. 

En conclusion

C’est la qualité et la quantité d’interactions quotidiennes avec d’autres êtres humains qui sont déterminantes pour l’apprentissage du langage. Les adultes jouent un rôle crucial au soutien du développement langagier des enfants. Les échanges allers-retours avec l’enfant permettent de mettre des mots sur les émotions vécues et sur l’ensemble de ses expériences. Plus le temps passé devant les écrans est élevé, plus ces opportunités sont réduites. 

En raison de leur présence partout, l’usage judicieux des écrans devient une responsabilité partagée entre les parents, leur entourage, les personnes œuvrant dans les services préscolaires et scolaires, le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que les décideurs publics. Les entreprises technologiques doivent aussi se sentir concernées.

Pour en savoir plus sur l'impact des écrans