Les dernières semaines ont remis au premier plan une question essentielle : celle de l’indépendance des ordres professionnels. L’assemblée extraordinaire du Collège des médecins du Québec, au cours de laquelle des médecins ont exprimé leur désaccord à l’égard d’une prise de position de leur président, a ravivé la réflexion sur la place et le rôle des ordres dans l’espace public. Peu après, la motion adoptée à l’Assemblée nationale pour reconnaître cette indépendance a rappelé à quel point celle-ci est — et doit demeurer — au cœur de notre système professionnel.
L’indépendance d’un ordre, c’est la capacité d’agir et de s’exprimer sans subir de pressions politiques, économiques ou corporatives, et de prendre position uniquement en fonction de l’intérêt du public. Cela implique une responsabilité collective : celle de garantir que nos décisions et nos orientations reposent sur l’expertise, la rigueur et l’éthique, plutôt que sur des considérations extérieures.
Pour jouer pleinement son rôle sociétal, il est donc impératif qu’un ordre soit imperméable aux pressions externes, qu’elles soient politiques, médiatiques ou alimentées par des intérêts particuliers. C’est cette indépendance qui donne tout son sens à notre mission : protéger le public par une pratique professionnelle compétente et responsable.
En tant que président d’ordre, je ne peux nier que la situation au Collège m’a ébranlé.
« Être à la présidence d’un ordre professionnel, c’est accepter d’être porte-parole pour la population, ce qui nous amène parfois sous les projecteurs où nos paroles sont scrutées, analysées, décortiquées par le public, par nos membres, par les médias et par le gouvernement. »![]()
Mais cette parole, lorsqu’elle est appuyée de données probantes et d’exemples concrets du terrain, fait contrepoids aux bruits ambiants, à la désinformation et à l’influence exercée par les réseaux sociaux. D’où l’importance de son indépendance.
Cette indépendance n’est pas un privilège réservé aux présidentes et présidents d’ordres. Elle est ce qui permet à chaque professionnelle et professionnel d’exercer dans l’intérêt du public, à l’abri des pressions et des influences extérieures. Elle donne à nos décisions leur sens et leur légitimité : celui de protéger le public avant tout.
Cette indépendance ne peut se maintenir sans la confiance. La confiance de la population, bien sûr, mais aussi celle que nous nourrissons par notre posture professionnelle et l’intégrité de notre pratique dans le respect de nos obligations déontologiques.
C’est là que réside le sens même d’un ordre professionnel : assurer que la compétence, la qualité et l’intégrité guident chaque geste posé dans l’intérêt du public. C’est cette responsabilité collective qui fonde la confiance du public et qui justifie notre indépendance.
Votre président,
Paul-André Gallant, AdmA, MBA, ASC, M.P.O., orthophoniste